Hubert Fournier. « Un jeu offensif »
Publié le 22 novembre 2017, Le Télégramme
Recueilli par Matthieu Huet
S'il n'exclut pas un jour de retrouver un banc, Hubert Fournier se dit aujourd'hui épanoui dans son costume de directeur technique national. (Photo Matthieu Huet)
De passage à Guingamp à l'occasion de l'assemblée générale de l'Amicale des Educateurs de Football, dimanche au Roudourou, Hubert Fournier, l'actuel directeur technique national de la Fédération et ancien entraîneur de Reims et Lyon, est revenu sur les chantiers qu'il entend mener et la situation du football français.
Quelle philosophie de jeu souhaitez-vous développer ?
C'est davantage au niveau des équipes nationales qu'on peut avoir un impact sur une certaine identité de jeu. Surtout depuis que les équipes de jeunes sont entrées dans le giron de la DTN, ce qui a évidemment du sens. J'ai d'ailleurs nommé Philippe Montanier comme coordinateur des équipes pour avoir une vision commune des directions que nous souhaitons prendre pour l'ensemble des sélections. Après, les sélectionneurs ont leurs particularités. On n'est pas en train de leur dire qu'il faut faire ceci ou cela. Mais on doit s'appuyer sur un socle d'idées communes.
Quelles sont-elles ?
Avoir des équipes à fort pouvoir technique, qui proposent un jeu offensif, vers l'avant. Parce qu'on a des joueurs qui épousent ces caractéristiques. Je ne suis pas un adepte de la conservation pour la conservation.
Concrètement, comment mettre ces principes en place ?
Ça passe par le choix des sélectionneurs, par beaucoup de discussions, de concertation à travers ce qu'on voit et les joueurs que nous avons dans chaque génération.
Le football français manque-t-il d'identité ?
La presse ne valorise jamais notre football. On trouve qu'on a un mauvais championnat mais tous les entraîneurs qui viennent de l'étranger le trouvent très bon. C'est bizarre... On n'est pas très satisfait de notre équipe nationale qui reste sur une finale à l'Euro et un quart de finale au dernier Mondial. Nous sommes le premier exportateur de joueurs formés. Je pense qu'il y a pire comme bilan... Mais c'est très français. Après, en effet, on aurait un meilleur championnat si nous étions un pays riche et qui se donnait les moyens d'avoir une vraie culture du sport. Ce qui n'est pas le cas. Evidemment, si tous nos jeunes restaient en France, on aurait le meilleur championnat européen.
Mais comment les garder, justement ?
On ne peut pas. Nous ne sommes pas suffisamment concurrentiels sur le plan économique pour les retenir. A l'étranger, on leur offre la possibilité de gagner des titres européens et des moyens financiers incomparables.
Le Paris SG, qui a permis à la L1 de conserver Kilian Mbappé, freine-t-il cette tendance ?
Il a un impact positif. C'est quand même lui, avec Monaco, qui peut songer à gagner la Ligue des champions. Et qui arrive à garder des jeunes comme Adrien Rabiot, par exemple.
Quelle est aujourd'hui la part de l'humain et des valeurs en sélections ? Y a-t-il eu un tournant depuis 2010 et l'affaire Knysna, en Afrique du Sud ?
Absolument. On s'est servi de ce traumatisme pour rebondir. Après, il y aura toujours des moments un peu difficiles. Mais d'une manière générale, la génération qui vient d'arriver, à l'image de Mbappé, donne une excellente image. On oublie
trop vite qu'ils n'ont que 18 ou 19 ans.
Est-ce plus difficile, aujourd'hui, de former des hommes ?
Non, ce sont les mêmes personnes. Ce sont aussi des adolescents qui ont le droit de faire des erreurs. La différence c'est qu'avant, ça se voyait moins. Aujourd'hui, la moindre erreur peut avoir un impact planétaire. Alors oui, les générations sont différentes, avec d'autres codes. Mais c'est la vie. Et foncièrement, ce sont de bons gamins.