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A l'occasion de la réception du Paris SG, dimanche (21 h), le Roudourou pourrait devenir la première pelouse de Ligue 1 foulée par le Brésilien Neymar et, à cette occasion, le théâtre d'une pièce scrutée par les amateurs de football du monde entier. Pour Bertrand Desplat, le président guingampais, ce concours de circonstances doit être l'occasion d'afficher les progrès accomplis par son club, qui n'entend pas pour autant voler la vedette à la star de 25 ans.
Bertrand Desplat, Guingamp pourrait devenir, dimanche, la capitale mondiale du football avec la possible venue de Neymar au Roudourou. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Beaucoup de fierté pour le club. Être au milieu de cette actualité nous permet de nous rappeler que nous sommes au coeur de cette Ligue 1. Cette place a été chèrement acquise au cours des saisons précédentes. C'est tout un projet de club qui a été mis en place, pour nous permettre de nous installer au haut niveau. Même si on y est absolument pour rien, cette actualité sonne comme une forme de reconnaissance.
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Comment capitaliser sur une telle mise en lumière ?
Il s'agit d'abord de rappeler que la star de cette soirée devrait être Neymar. J'emploie volontairement le conditionnel car il existe encore une forme d'incertitude. Il ne faut pas se prendre pour ce qu'on n'est pas ou voler la vedette à celui qui la mérite. L'idée est donc d'accueillir dans d'excellentes conditions, notamment de fair-play, cette grande équipe et ce grand joueur. C'est aussi de montrer, à ceux que ça intéresse, que le club a bien progressé, la qualité de nos installations, celle de la pelouse... Surtout, il faudra démontrer qu'au-delà des questions financières, il y a des valeurs humaines qui suffisent parfois pour triompher.
image: http://www.letelegramme.fr/images/2017/08/10/guingamp-en-avant-ravi-d-accueillir-le-psg-de-neymar_3557188_540x373p.jpg
Bertrand Desplat (Photo Nicolas Créach)Avez-vous souvenir d'un joueur du calibre de Neymar fouler la pelouse du Roudourou ?
Il y a eu Ronaldinho qui était, à l'époque, identifié comme un futur très grand. Et après, pour moi, il y a Didier Drogba. Mais je crois que, depuis, à travers les outils de communication et les réseaux sociaux, le football a pris une telle dimension qu'une star mondiale d'aujourd'hui a un retentissement sans commune mesure avec une vedette d'hier.
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Avez-vous félicité Nasser Al-Khelaïfi pour le transfert de Neymar ?
Pas encore. Je vais le voir donc j'aurai la chance de pouvoir en discuter avec lui. A titre personnel, je me suis félicité de l'arrivée d'une telle star dans le football français.
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Quelles relations entretient le président d'En Avant avec celui du PSG ? Malgré vos intérêts parfois divergents, avez-vous une vision commune ?
Il faut d'abord savoir que Nasser est un homme à la fois discret et avec beaucoup de savoir-vivre. Il donne beaucoup de respect et de considération aux personnes qu'il rencontre. Ce qui nous rejoint, c'est l'obsession de l'excellence. Pour lui, avec un club qu'il souhaite au plus haut niveau mondial. De notre côté, on a besoin du PSG comme locomotive dans le championnat de France. D'ailleurs, dans le tempo de leur arrivée, les Qataris ont entraîné dans leur sillage de nouveaux investisseurs, ce que notre football avait besoin pour franchir un cap. Il faut remercier le PSG d'avoir été l'initiateur de tout ça. Après, Paris a besoin de clubs comme Guingamp. Même si tout nous oppose, on est aussi complémentaire car on montre que le football est universel, protéiforme. En face du foot paillettes, il y a un foot populaire. Et en face du foot des grandes villes, il y a un foot des campagnes. C'est ça qui fait la magie de ce sport.
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Avez-vous le sentiment de faire le même métier que votre homologue parisien ?
On n'est pas du tout dans la même galaxie. Comme le serait une PME par rapport à une multinationale. Après, on concourt ensemble à la magie du football, chacun à sa place.
Les sommes avancées autour du transfert de Neymar, avec notamment cette clause libératoire de 222 M€ et ce salaire de 30 M€ par an, ont pu choquer. Pensez-vous que le football doit être rattrapé par une forme de morale ?
Je crois qu'il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Aujourd'hui, le football est un écosystème économique qui génère des revenus conséquents. Or, ces revenus permettent ensuite d'engager ces dépenses. Cet écosystème tient la route. On a un pan de l'économie nationale qui marche bien. Quand c'est comme ça, je préfère m'en féliciter plutôt que d'avancer des aspects moralisateurs.
Et le foot français progresse...
Ce que le grand public va découvrir, c'est que derrière cette économie, il y a un travail en profondeur opéré par une nouvelle direction, une nouvelle génération de présidents de club et une gouvernance à la ligue qui a été réoxygénée. Toutes ces forces se sont mises en marche, dans le cadre d'un projet établi et d'une feuille de route qui commence à être mise en oeuvre, pour rattraper le retard pris sur les trois ou quatre championnats européens qui nous précèdent.
Depuis plusieurs saisons, En Avant a pris une autre dimension. L'image d'Astérix qu'il aime incarner est-elle encore fidèle à la réalité ?
Des faits incontestables ne pourront jamais être mis en cause : la taille de la ville, le budget, la force économique de l'environnement du club. En revanche, dans cette réalité, En Avant ne s'est jamais posé comme une victime expiatoire. On ne s'est jamais plaint de cet écart avec les autres. Au contraire, c'est notre moteur. Je peux comprendre que ça excède nos adversaires, mais nous, ça nous nourrit. On avance dans cette forme de lutte qui, sur le papier, peut sembler impensable.
Que serait une soirée réussie pour le club, dimanche ?
Pouvoir proposer à Neymar de rejoindre ses collègues Ronaldinho et Ibrahimovic sur une certaine liste... (Ronaldinho et Ibrahimovic étaient respectivement tombés au Roudourou avec le PSG en 2003 et 2014, NDLR).
© Le Télégrammehttp://www.letelegramme.fr/football/desplat-une-fierte-pour-le-club-10-08-2017-11625534.php#sX8tD3t58HIu3BMD.99